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Blue MidVoice Episode Spécial 2 : Gestion des risques addictifs en milieu professionnel

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Gestion des risques addictifs
Nadège Viriot

L’épisode est en ligne :

🚀 Nouvel épisode spécial du podcast Blue MidVoice ! 

🎙️ Cette semaine, j’ai eu le plaisir d’accueillir Nadège Viriot, experte en prévention des risques addictifs dans le milieu professionnel. Nous avons plongé dans le monde des comportements addictifs, et voici les sujets que nous avons abordés :👇

➡️ Qu’est-ce que le risque addictif ? 

➡️ La responsabilité partagée 

➡️ Le rôle de l’entreprise dans la prévention 

➡️ Repérer les signaux faibles

➡️ La prévention par le dialogue

➡️ Une approche collective et individuelle

🌱 Enfin, Nadège nous rappelle que les addictions ne touchent pas uniquement certaines personnes, mais peuvent concerner chacun d’entre nous. Les facteurs physiologiques, psychologiques et comportementaux individuels jouent un rôle essentiel.

Écoutons, apprenons et agissons pour créer des environnements de travail sains et équilibrés ! 

Un grand merci à Nadège Viriot pour cette conversation éclairante ! 🌈✨ 

Restez à l’écoute pour plus de discussions inspirantes sur le développement professionnel. 

Vous pouvez retrouver cet épisode de Blue MidVoice sur toutes les plateformes d’écoute (ou dans le lien en commentaires).

Et n’oubliez pas de partager vos réflexions et expériences dans les commentaires ! 

*****************

Si vous me découvrez avec ce post, je suis Catherine BARLOY, coach en développement professionnel et coach en bilans de compétences. 

Je vous aide à trouver VOTRE voie pro dès maintenant.
Contactez-moi afin de voir ensemble comment je peux vous accompagner au mieux.

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#RisquesAddictifs #DéveloppementProfessionnel #SantéAuTravail #Prévention #BienÊtreAuTravail #DialogueOuvert

En voici la retranscription et les liens associés :

Bonjour, je suis Catherine BARLOY, coach en bilan de compétences pour Blue Midlife. Après des années comme chef de projet dans la recherche clinique, je suis devenue coach et je vous accompagne pour trouver VOTRE voie professionnelle dès maintenant. Bienvenue sur ce podcast où je partage avec vous, seule ou avec mes invités, des conseils, des expériences, du coaching dans la bonne humeur. Alors on est parti pour l’épisode du jour.

Bonjour à tous et bienvenue sur ce deuxième épisode spécial du podcast Blue MidVoice.

Je l’enregistre aujourd’hui en duo avec le thème : Gestion des risques addictifs en milieu professionnel

Ce podcast ainsi que les prochains épisodes spéciaux sortiront le 3ème mardi de chaque mois et auront une thématique précise pour vous aider à aller mieux au travail. C’est vraiment mon but, vous donner des clés, des idées, des outils que vous pourrez faire vôtres et partager avec vos proches et vos collègues.

Mon invitée du jour est Nadège Viriot. Tout d’abord très bon anniversaire Nadège car l’épisode sort pile le jour de ton anniversaire 😊🥳 J’ai connu Nadège par les rendez-vous de l’APEC Nancy début 2023 et nous continuons à cheminer en parallèle car nos vues sont très complémentaires.

Cet épisode est spécial car il sort un mardi en plus des épisodes habituels du vendredi et je n’ai pas fait de conclusion et il en sera de même pour tous ces épisodes spéciaux car le contenu est très riche et une conclusion n’était nullement nécessaire.

Partagez avec moi ce que ce podcast vous aura apporté et comment vous avez avancé. Vos commentaires et vos retours sont vraiment importants pour moi et partagez également ce podcast si vous pensez qu’il pourra servir à l’un de vos proches ou de vos collègues. 

Sachez que j’organise un concours : pour cela, il vous suffit de : 

– laisser un commentaire sur les plateformes d’écoute et de m’envoyer la copie d’écran de ce commentaire sur l’adresse contact@bluemidlife.fr ou 

– de mettre un commentaire sur les réseaux ou 

– de m’envoyer un message tout simplement. 

Voilà vous avez le choix, mais sachez que ces commentaires sont comme un boost pour moi pour me conserver motivée à continuer à vous partager du contenu de qualité. Tous les 8 podcasts, je ferai un tirage au sort parmi tous les commentaires pour offrir à une personne 1 heure de coaching dédiée à ses objectifs professionnels. Depuis le début de ce podcast, déjà trois personnes ont gagné 1 heure de coaching alors ce sera peut-être votre tour très bientôt.

Le prochain épisode spécial sortira le 3ème mardi de novembre et sera dédié à la sophrologie et son apport en milieu professionnel.

Mais sans plus attendre, je vous propose de rejoindre Nadège et je vous souhaite une belle écoute.

Catherine BARLOY

Bonjour Nadège.

Nadège VIRIOT

Bonjour Catherine.

Catherine BARLOY

Comment vas-tu ?

Nadège VIRIOT

Ça va très bien. Il fait beau, donc ça va.

Catherine BARLOY

C’est parfait. Merci de nous rejoindre dans cet épisode spécial sur le podcast. En fait, Nadège, je vais te laisser te présenter et nous raconter un petit peu ton parcours professionnel qui t’a conduit à créer ta propre entreprise dans la gestion des risques addictifs en milieu professionnel.

Nadège VIRIOT

Sur le parcours, je travaille depuis pratiquement 28 ans maintenant. J’ai commencé à travailler dans les ressources humaines en tant que responsable recrutement du travail temporaire, qu’on appelle maintenant agence d’emploi. Tant que responsable recrutement commercial, un petit peu chef d’agence. Je fais une petite expérience en tant que chef d’agence. Gérer le personnel, analyser les postes, faire du recrutement pour différents types d’entreprises. J’ai découvert quand même le monde de l’entreprise dans tous les domaines – le bâtiment, l’industrie, tous les domaines. Donc, une approche très intéressante de l’entreprise, de toutes les personnes qui interagissent dans ce domaine- là, ressources humaines, support en général, discours commercial aussi. J’en ai fait pas mal. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de continuer dans un service qualité, sécurité, environnement dans un grand groupe de bâtiments et de la construction en France. J’ai découvert la prévention, santé, sécurité en travaillant avec des préventeurs qui faisaient partie du service et une ergonome, dans l’analyse des postes, l’amélioration des postes de travail. Vraiment, quelque chose d’intéressant. J’ai eu aussi l’opportunité de prendre une mission de relais addiction qui a été créée dans cette structure pour justement accompagner les personnes vers peut- être des ressources, en tout cas pas au sein de la société, mais des ressources pour pouvoir s’en sortir dans leurs problématiques qui forcément devaient impacter leur travail.

Nadège VIRIOT

Et on a bénéficié de formations internes. Donc, j’ai pu me former un petit peu en addictologie pour comprendre les mécanismes. C’était vraiment ma première approche. L’impact physique, psychologique et ce que ça a impliqué professionnellement, parce que ce n’est pas que des impacts, on va dire, neurobiologiques, puisque ça se passe là, mais également les risques juridiques pour l’employeur, pour les employés. Donc, il y avait ces deux pendants dans ce qu’ils appelaient les addictions à l’époque. C’était le côté très cadré du règlement intérieur, des accords d’entreprise, du Code du travail, tout simplement, et le côté beaucoup moins cadré de la dépendance et des addictions. Ça a été vraiment ma première incursion dans ce domaine- là. Ensuite, pendant 11 ans, j’ai travaillé dans une association en tant que coordinatrice régionale dans le Grand Est. J’avais les 11 départements du Grand Est, dont la mission principale était aussi la prévention des conduites addictives en milieu professionnel et avec une partie accompagnement des personnes dépendantes qui étaient en partie assurées par les bénévoles de l’association qui avaient eux- mêmes connu la dépendance dans leur vie professionnelle et personnelle et qui allaient expliquer un petit peu leur parcours. C’est ce qu’on appelle de l’entraide entre pairs, P-A-I-R, c’est- à- dire des personnes qui vont cheminer avec d’autres personnes qui ont peut- être besoin d’aide.

Nadège VIRIOT

Donc, il y avait ces deux parties, la partie prévention et la partie accompagnement que je pouvais par moments faire moi aussi, mais à la marge quand même. Ce n’était pas une principale mission. L’association a annoncé sa dissolution en mars de cette année, début 2023. J’avais pris la décision de démissionner parce que les conditions de travail n’étaient plus en adéquation avec ce que je voulais. Des changements au niveau direction, des décisions qui ne me convenaient pas et je sentais qu’au niveau physique et psychologique ça se dégradait. Donc, je me suis arrêtée, moi, en novembre 2022. J’ai démissionné en janvier et j’avais en tête quand même de continuer dans le même domaine parce que c’est un domaine, le conseil, la formation, c’est mon métier passionnant et je n’arrivais pas à me dire « En démissionnant, tu vas faire autre chose. J’ai essayé quand même de postuler à des postes similaires, mais c’est quand même très spécifique puisque je fais du risque addictif en santé au travail. Dans les entreprises, c’est un pan des risques professionnels, c’est quand même très spécifique. Et il n’y avait pas vraiment le poste. Il y a des postes en tant que préventeur, mais dans tous les risques professionnels, je m’y retrouvais pas.

Nadège VIRIOT

Donc, à force de réfléchir, je me suis dit « Il va falloir créer ta société. » Donc, j’ai commencé les démarches et c’est ce qui m’a conduit à ouvrir BVN Prévention, donc ma société, le 1ᵉʳ septembre dernier, en tant que consultante et formatrice dans les risques addictifs, dans la gestion des risques addictifs en milieu professionnel.

Catherine BARLOY

Merci pour l’explication de tout ce parcours. Et par rapport aux risques addictifs, quels sont les principaux risques, en fait, auxquels les entreprises et les employés, bien sûr, sont confrontés aujourd’hui.

Nadège VIRIOT

Le risque addictif peut- être définir quand même ce que c’est, parce que c’est peut- être pas évident pour tout le monde. Le risque addictif, c’est la consommation de produits qu’on appelle psychoactifs, les plus connus étant l’alcool, le tabac, le cannabis qui est du côté des stupéfiants, c’est-à-dire quelque chose d’illicite à l’heure actuelle en France, et les médicaments psychotropes. Là, on a la grande famille des produits mais ce sont aussi des comportements de type utilisation des outils numériques, jeux de hasard et d’argent, les jeux en ligne, les jeux vidéo qui peuvent être des activités qui vont être avec un fort pouvoir de dépendance dans le cerveau, parce qu’en fait, ça déclenche exactement les mêmes réponses que le produit, sauf que c’est une activité. Puis, le déclenchement dans le cerveau de ce qu’on appelle la dopamine, pour entrer un petit peu dans les termes techniques, c’est quelque chose de totalement naturel dans notre vie, puisque c’est ce qui nous permet de manger, boire et puis se reproduire, puisque c’est les fonctions de base. Donc, la dépendance, elle va s’inscrire dans ces schémas- là, avec les produits, les comportements. Pour rentrer dans les domaines pas chiffrés, mais comment ça se passe dans le milieu professionnel, ce qu’on appelle les actifs occupés.

Nadège VIRIOT

Les principales substances consommées, ça reste le tabac, l’alcool, le cannabis. Et vraiment juste derrière les médicaments, les médicaments psychotropes, de type anxiolytiques, donc des médicaments qu’on peut prendre sur une partie dépressive, d’anxiété, qui peuvent être ponctuelles ou de façon un petit peu plus chronique. E n dehors du travail, on retrouve quand même surtout le combo gagnant que sont le tabac, l’alcool et le cannabis, soit dans le milieu du travail ou en dehors. Mais dans le milieu de travail, on a vraiment des chiffres qui sont plus importants sur ces trois matières. La différence, ça va être le fait qu’en société, en entreprise, j’entends il va y avoir un risque. Santé, c’est le premier, que ce soit dans la société, dans l’entreprise ou dans la vie de tous les jours. La santé publique, le risque, c’est la santé, on est bien d’accord. Après, dans l’entreprise, va venir percuter le risque juridique les responsabilités de l’employeur en matière de santé, sécurité et en tant que salarié, on a aussi des obligations. C’est ce qui va faire la différence entre le milieu professionnel et le milieu privé. On peut aussi avoir des consommations. Là, je t’ai parlé des produits les plus consommés.

Nadège VIRIOT

Mais dans le milieu professionnel, on va aussi parler des comportements que je nommais tout à l’heure, donc les jeux de hasard et d’argent, les paris en ligne qui sont arrivés fortement ces dernières années, les jeux vidéo, tous les outils numériques et les réseaux sociaux aussi, puisque c’est quand même quelque chose de très actuel, des produits illicites. Or, les produits illicites aussi, il n’y a pas forcément que des choses répréhensibles, excepté les produits stupéfiants, parce que là, on ne va pas faire une apologie des produits stupéfiants, mais ça peut impacter le travail, son organisation, son rendement, ses relations avec ses collègues et sa santé physique ou mentale. Donc, il est important que la prise de conscience se fasse pour les employeurs, parce qu’ils gèrent des êtres humains complexes qui, eux, ne voient pas forcément la finalité négative. Pour te citer des exemples, un salarié qui va prendre un médicament qui est censé améliorer ses douleurs parce qu’il a mal au dos, qui est un médicament qui l’endort, c’est un produit psychoactif qui va prendre la route pour aller au travail, qui s’endort, qui se provoque un accident pour lui- même et même pour d’autres. Une personne qui a consommé un petit peu trop d’alcool la veill e, qui n’a pas attendu le temps d’élimination et qui se présente à son poste de travail très tôt et qui travaille sur une machine outil, forcément, il va y avoir des risques.

Nadège VIRIOT

Et puis, une personne qui a joué en ligne toute la nuit, par exemple, et qui n’a pas du tout dormi, qui se présente à son poste de travail. On n’est pas forcément sur des personnes qui ont des problèmes de dépendance. Ils ont consommé ou ils ont pratiqué une activité, mais à partir du moment où ils prennent leur voiture ou leurs moyens de transport pour aller au travail, ils deviennent co-responsables avec l’employeur et souvent plus l’employeur qu’eux d’ailleurs. Et l’employeur, il doit mettre un cadre et faire de la prévention. C’est là où la différence va se faire avec la vie privée, c’est qu’il y a un engagement du fait du travail et du contrat de travail.

Catherine BARLOY

D’accord, c’est bien clair. Et là, en quoi consiste le travail que va faire ta société pour aider à prévenir tout ça ?

Nadège VIRIOT

La société, je vais intervenir sur deux aspects. L’aspect formation, formation pour les personnes en position managériale pour leur expliquer la gestion des conduites addictives. Ça peut être dans tous les domaines, je le disais tout à l’heure, comme je l’ai fait dans l’association, des structures, des industries, des structures médico- sociales, des sociétés de services, des mutuelles. En formation, on va expliquer le côté réglementaire, ce que je dis depuis tout à l’heure, donc le côté santé, sécurité obligatoire. Le côté obligatoire réglementaire est une chose, écrit dans le Code du travail, etc. Sauf qu’en matière de santé sécurité, ce qui est important, ce n’est pas le cas de toutes les obligations employeur, on a une obligation de moyens et de résultats. C’est- à- dire que le côté réglementaire va imposer des éléments comme, par exemple, l’évaluation des risques professionnels qui doit en principe être fait tous les ans dans les sociétés. Et derrière, un plan, un programme de prévention pour faire en sorte que ces risques soient moindres ou en tout cas, qu’on ne peut pas y aller aux risques les plus importants. Ça, c’est une obligation réglementaire. Et en résultat, il va falloir prouver qu’on fait des actions, qu’on les évalue, que ça évolue.

Nadège VIRIOT

Ça, c’est important parce que la santé sécurité, elle a cette double obligation. Au niveau des managers, on leur explique toute la partie réglementaire qui, quelquefois, pour eux, même s’ils ont des délégations de pouvoir, ne sont pas forcément au fait de tout ça parce qu’il y a une direction au- dessus, tout simplement. Mais eux, au quotidien, ils ont quand même des salariés qui sont dans des situations d’urgence, des fois. Donc, on va leur expliquer, c’est- à- dire des gens qui arrivent dans des états pas conformes, pas habituels, qui se demandent ce qu’ils ont. Donc, on va leur expliquer que la première urgence, c’est l’urgence médicale. Donc, appeler le 15, en tout cas mettre en place des ressources médicales. Il y a aussi des situations chroniques où il y a des situations qui se sont dégradées, qui se sont installées. On a laissé passer en tant que manager parce qu’on pensait que ça allait passer de soi, parce qu’on pense aussi par les bruits de couloir et parce qu’on connaît de la personne qu’elle a des petites problématiques personnelles. Donc, on ne va pas aller l’embêter. Sauf que ça peut embêter la personne, le collectif, enfin plein d’éléments dans le travail.

Nadège VIRIOT

On essaie de dérouler aussi les entretiens managériaux, c’est- à- dire quoi dire ? Comment le dire ? Est- ce qu’on doit parler directement des consommations si on a un doute ? Est- ce que c’est opportun ? On verra bien que non, que ce n’est pas opportun puisque l’employeur, il est là pour parler des comportements et pas forcément des consommations. On va donner quelques éléments d’addictologie dans cette formation pour justement comprendre les mécanismes du cerveau, à quoi servent ces produits. Ce n’est pas anodin si on consomme et on n’a pas besoin d’être dépendant pour consommer. Ça, c’est vraiment une donnée d’entrée. En dehors des formations, je propose aussi tout ce qui est sensibilisation, parce que c’est bien de former les managers, leur donner le cadre réglementaire, leur expliquer comment faire. Mais les salariés, eux, ont besoin aussi d’un cadre, parce qu’en tant que salarié, tout le monde a des obligations de par son contrat de travail, de par ce qu’on appelle l’assistance à personne en danger, qui consiste à la fois à être là pour les autres, pas en tant que salarié. Dans notre vie de tous les jours, ça peut nous concerner. Et quelquefois, les salariés pensant qu’il y a un responsable ou une responsable au- dessus se disent « Moi, je n’ai pas trop de responsabilités.

Nadège VIRIOT

Si j’ai quelqu’un qui ne va pas bien, c’est son problème, ce n’est pas le mien. » Eh bien non, parce qu’on ne peut pas ignorer aussi dans un collectif, dans une équipe, ce qui se passe à côté. Donc, on va essayer de faire de la prévention. En tout cas, on va leur donner des billes pour leur parler justement de ce sujet qui n’est pas forcément facile. C’est un sujet tabou. Je pense que dans la matière de produits, mis à part le tabac qui n’est plus tabou, parce que c’est vrai qu’on fait des actions, je pense ceux, notamment, au mois sans tabac qui arrive en novembre ou le mois de janvier sans alcool qui arrive en janvier, ce qu’on appelle le « dry january », ce sont des moments où on va donner des éléments de santé publique pure, c’est- à- dire expliquer aux gens quels sont les mécanismes, comment on peut essayer d’arrêter ou de diminuer pour un mieux- être, etc. C’est important de dire ça. La vie privée vient forcément impacter la vie professionnelle. Je pense que c’est un vœu pieux de penser qu’on laisse sa vie privée à la porte de son entreprise.

Nadège VIRIOT

Elle en fait partie. Il y a une espèce d’importation de ce qu’on fait de sa vie privée dans sa vie professionnelle. Il va falloir expliquer les limites de cette importation. Je parlais de tabac tout à l’heure. Par exemple, quand on est fumeur ou fumeuse, effectivement, on laisse pas son paquet de cigarettes à l’entrée de la société. Il va y avoir des temps de pause, etc, qui sont légiférés, qui sont réglés puisque maintenant, le tabac, par exemple, est sorti de l’entreprise. Mais tout ça fait qu’on arrive en tant qu’ un être humain avec sa vie privée dans la société et on ne peut pas tout laisser à la porte. Donc forcément, il va falloir trouver un équilibre entre ce qu’on vit à l’extérieur, ses problèmes, ses consommations, ses comportements et le cadre qu’impose l’entreprise. Tout ça, on l’explique et en formation et en sensibilisation pour expliquer le rôle de chacun et comment tout le monde peut avoir un rôle à jouer. Ce qui est intéressant aussi parce qu’on a tous un rôle à jouer. Même si c’est un rôle de signalement, d’information, de s’intéresser aux autres, c’est aussi un rôle. Il n’y a pas que le rôle coercitif ou le rôle obligatoire.

Nadège VIRIOT

Il y a tous ces rôles- là qu’on a à jouer en tant qu’être humain, en tant que personne civile et en tant que salarié, bien sûr, quand il y a un contrat de travail derrière. C’est important de parler de tout ça.

Catherine BARLOY

Tu viens de donner les grandes lignes de ton accompagnement et si des personnes nous écoutent et se disent « Mais concrètement, comment je m’en rends compte ? » Tu as commencé à en parler, mais est-ce qu’il y a vraiment des signes ou des symptômes auxquels les employeurs ou les collègues devraient être attentifs pour détecter ces comportements addictifs au travail ?

Nadège VIRIOT

Bien sûr, il y a des signes. On en parle beaucoup dans les formations, plus dans les formations managers, parce que c’est eux qui doivent être sensibles à cela. On appelle cela des signaux faibles ou des éléments de repérage, c’est- à- dire qu’on va proposer aux managers d’identifier peut- être des façons de faire de leurs employés qui ne sont pas habituels. Par exemple, des retards en termes professionnels, des retards répétés, des dossiers qui sont moins bien gérés, des réclamations clients, le collectif qui fait quelques remarques de plus en plus appuyées, ça, c’est sur la partie professionnelle. Et sur la partie physique, on peut constater un certain laisser- aller, par exemple physique, une détérioration de la personne, la personne un petit peu plus anxieuse ou la personne nerveuse, alors que c’est plutôt quelqu’un de calme, ou à l’inverse, quelqu’un de plutôt calme, alors que c’est plutôt quelqu’un de nerveux, en tout cas qui réagit, qui est présent, etc. Donc, tous ces signes combinés et professionnels et personnels vont permettre à l’employeur ou en tout cas au manager de pouvoir se dire « Il y a peut- être quelque chose qui ne va pas » et de pouvoir provoquer derrière ce qu’on appelle des entretiens préventifs ou des entretiens managériaux pour mettre le salarié face à tous ces signes qui ont été analysés, diagnostiqués, pour lui dire « Qu’est-ce qui se passe ?» sans parler pour autant ni de vie privée ni de consommation, même si ça peut venir bien sûr dans la discussion, mais plutôt pour dire dans le travail, il y a quelque chose qui ne va pas et on ne peut pas continuer comme ça parce que c’est quand même l’obligation. Ce qui est très intéressant dans ces signaux et dans les entretiens qui vont suivre, c’est qu’on se rend compte que ça peut être des déclencheurs face à des personnes qui ont soit des problématiques bien ancrées, voire de dépendance, soit des personnes qui sont vraiment dans le risque, c’est- à- dire qu’elles n’ont pas jaugé pour X raisons le fait que leur consommation ou leur comportement avait une répercussion ou ça se voyait ou ça a vraiment une répercussion pour eux. Du coup, ça va leur permettre de se dire « C’est pas si transparent que ça. On l’a remarqué. On m’a dit ce qui se passait. Il va peut- être falloir que je me fasse accompagner, que je me fasse aider. » Tous les entretiens qui vont se faire vont avoir ce but- là, c’est de dire « Il y a des ressources. » Les ressources existent.

Nadège VIRIOT

En tant qu’employeur, ce n’est pas nous qui allons amener vers une solution médicale, par exemple. Par contre, il y a des ressources. Au travail, par contre, nous, il va falloir que ça change parce que tu as une mission à accomplir, il y a un collectif, il y a une production, etc. Donc ça permet de recadrer la personne tout en la valorisant. Si c’est une personne qui travaille bien jusqu’à maintenant, de lui dire effectivement que ça ne peut pas continuer parce que la production, le collectif n’est pas bien et qu’elle- même n’est pas bien et que ça ne peut pas être acceptable. Et ça peut vraiment aider le ou la salarié qui est en difficulté parce qu’ il commence à ne plus être dans le déni. Ça ne veut pas dire qu’il n’y soit plus du tout, mais il se dit que ce n’est pas, comme je te le disais tout à l’heure, si transparent que ça. C’est souvent combiné avec des réflexions. Là, je parle des réflexions au travail. Souvent, c’est une personne qui subit des réflexions dans sa vie privée ou peut- être d’un entourage plus ou moins personnel, de dire de façon très crue « Je trouve que tu te dégrades. Je trouve que tu ne sens pas bon. » Des choses comme ça. Du coup, mis bout à bout, cette personne se dit « J’ai des réflexions, j’en ai de part et d’autre dans ma vie privée. Mon employeur me fait aussi des réflexions. Il y a peut- être quelque chose qui ne va pas. Donc, il faut peut- être faire quelque chose. » Et ça, c’est très important parce que ça permet de bouger les lignes, en fait. Plutôt que de se dire dans un consensus « Bon, ça va s’arranger, c’est une passade », ce que je disais tout à l’heure, ce n’est pas possible. C’est quasiment impossible même, parce que ça ne s’arrange pas de soi. Donc, c’est important d’être attentif aux signaux faibles ou aux éléments de repérage.

Catherine BARLOY

Ça fait partie de la culture d’entreprise et je l’entends certes pour l’entreprise au niveau productivité, mais également pour chaque personne, pour le bien- être. Et en fait, des entreprises où ce n’est pas encore dans la culture vraiment installée, qu’est- ce que tu donnes comme conseil pour commencer à distiller tout ça et à mettre en place cette prévention ?

Nadège VIRIOT

Je pense que la première chose à mettre en place, c’est du dialogue. C’est à partir du moment où les employeurs vont pouvoir se dire « On va dialoguer avec nos salariés, même sur l’organisation de travail. Il n’y a pas forcément des problématiques comme celles que je traite. Il y a peut- être une organisation de travail qui va moins bien, qui est défaillante. » Donc, par rapport à parler avec ses salariés, vraiment le dialogue, je pense que c’est la chose basique en dehors, derrière, de tout ce que tu viens de redire, c’est- à- dire les obligations en santé- sécurité, les obligations de prévention. Et c’est surtout que derrière, s’il y a quelque chose qui ne va pas, il y a forcément une productivité qui est un petit peu en baisse. Il y a forcément un climat social qui s’est dégradé et en plus, l’employeur se met en difficulté. S’il y a une vraie problématique de consommation ou de dégradation liée à ces consommations ou ces comportements, l’employeur prend un risque et quelquefois, il n’en a pas forcément conscience. Je pense notamment au niveau du transport pour lequel j’ai déjà fait des actions. Il y a un vrai risque à la fois santé, mais réglementaire à partir du moment où on est au moment où les personnes conduisent un engin ou une voiture sur la route et vont mettre en difficulté eux- mêmes, bien sûr leurs employeurs et les autres.

Nadège VIRIOT

Ça peut avoir des implications juridiques énormes. Pour favoriser, je pense, cette culture d’entreprise, le dialogue, proposer des actions, même si ce sont des actions ponctuelles. Je dirais que même si on ne va pas au bout de la démarche dans le sens où on fait un vrai programme de prévention, mais ne serait- ce que par touche des actions de prévention. Je ne dis pas que c’est une fin en soi, mais pour des petites structures, ça peut être aussi un moyen de prendre conscience, de se dire comment ça fonctionne ? Quelles difficultés j’éprouve ? Et se poser des questions. aller chercher des ressources. Je pense que c’est important, mais le dialogue me semble la base essentielle.

Catherine BARLOY

Je sais que tu fais beaucoup de veilles par rapport à ce sujet- là. Donc là, on sait qu’il y a une évolution des mentalités quand même, qui permet de faire beaucoup plus de prévention. Et comment tu vois l’avenir de tout ça, de la gestion des risques addictifs et des tendances qui commencent à émerger ?

Nadège VIRIOT

Alors, les risques, souvent, on me posent la question, ça augmente les risques et les consommations, je te citais l’alcool, le tabac et le cannabis, à la marge avec quelques populations, des fois chez les plus jeunes, peut- être plus d’expérimentations en matière de cannabis, peut- être des épisodes d’alcoolisation massive qui sont souvent appelés dans la société les « binge drinking », je pense que c’est un terme que tu as déjà entendu. Ces alcoolisations massives, elles ont des noms, elles ont des statistiques. Maintenant, je pense que ça n’est pas arrivé avec la société. Ça a toujours été et ça le sera encore de par… Il ne faut pas oublier qu’on est dans une culture de l’alcool quand même, dans un pays qui prône ça. D’où les difficultés de la loi Evin. Quand tu parlais de veille, la loi Evin qui a été complètement vidée de son contenu ces dernières années pour préserver justement tout ce qui est publicitaire. Ça, c’est quelque chose qui reste, je dirais, ce n’est pas un jugement de valeur, mais dans l’air du temps, on aura toujours ces consommations après, bien sûr, à cadrer par rapport au travail. Notamment, je pense au cannabis qui est un produit stupéfiant, et le CBD aussi qui arrive beaucoup avec tous ces produits qui sont censés ne plus avoir de produits actifs à l’intérieur d’eux.

Nadège VIRIOT

C’est-à-dire le principe actif a été enlevé quasiment, sauf que la loi est venue rattraper, puisqu’en juin, il y a eu encore une jurisprudence là- dessus, sur le fait que les gens qui aient du THC moins en petite quantité, c’est-à-dire le principe actif du cannabis, se retrouvent en toute petite quantité dans le CBD et on peut avoir les mêmes problématiques sur la route, c’est- à- dire retrait de permis, etc. Et ça, c’est important parce que c’est quand même un produit qui, médicalement, est accepté en France, qui a été légiféré, mais sur la route, ça ne suit pas. Donc, il y a un petit problème parce que si les gens l’utilisent à des fins médicales et qu’ils sont retoqués dessus par le Code de la route et qu’ils ont plus de permis, plus de travail. C’est vraiment un gros problème, le CBD, là, depuis la loi de juin. Sinon, dans les comportements, on voit bien, ce sont les nouvelles technologies. Ça va être vraiment ce qui impactera de plus en plus le numérique, parce qu’il est présent dans nos vies, qu’elles soient professionnelles ou personnelles. Il va falloir trouver un équilibre. En termes d’équilibre, il y a beaucoup de lois, notamment sur le droit à la déconnexion avec la responsabilité des sociétés qui ont vu le jour ces dernières années et qui sont un bien- être, vraiment, pour les personnes et les entreprises.

Nadège VIRIOT

Un corollaire, je pense à ça, c’est la sédentarité. Dernièrement, j’ai fait une conférence dans une mutuelle qui avait invité un sportif. Je ne sais pas si tu connais Stéphane Diagana, qui est un sportif, un athlète, qui parlait justement des bienfaits du sport, non pas du sport de haut niveau, puisque c’est un ancien athlète de haut niveau, mais juste opposé à la sédentarité. C’est-à-dire que cette sédentarité, nos modes de vie sont devenus beaucoup plus sédentaires et forcément, liés aux outils numériques, tout est lié. Il va bien sûr falloir trouver un équilibre parce que ces outils numériques en plus, pour la plupart, sont mis à disposition par les entreprises pour pouvoir faciliter le travail, s’organiser, produire plus. Le distanciel, on le vit assez fréquemment. Et toute cette législation, comme ce cadre de vie, il va falloir vraiment trouver des règles, des solutions, du dialogue, toujours pareil, de la prévention, pour éviter que ça devienne une vraie problématique de santé et d’organisation dans les entreprises. Il faut vraiment qu’elles continuent à parler de leur mode d’organisation à l’équilibre vie privée, vie pro. Je pense qu’on est vraiment là- dessus. Qualité de vie, travail, conditions de travail, on en entend beaucoup parler, mais ça va être la solution et les nouvelles générations aussi qui arrivent et qui n’ont pas du tout les mêmes attentes que leurs aînés.

Nadège VIRIOT

Être au travail pour y passer leur vie et y perdre leur santé, il en est hors de question. Ils veulent du sens, ils veulent de l’équilibre et ils veulent surtout préserver leur environnement. Parce que la notion environnement, développement durable, écologie, elle est quand même au cœur de tout ça. Donc, je dirais qu’on a un vaste ensemble entre les nouvelles technologies, la sédentarité et l’équilibre vie privée, vie pro qui va forcément favoriser les fameuses conduites addictives. Parce qu’à un moment donné, elles servent d’échappatoires, elles servent de plaisir aussi. On ne l’a pas trop dit là depuis le début, mais on est quand même sur tous les produits qu’on a nommés, l’entrée peut- être et souvent et heureusement d’ailleurs, par le plaisir. Et quand le plaisir devient délétère ou que ça passe dans un côté obligatoire et préjudiciable pour la santé, c’est là que ça ne va plus. Mais comment faire la différence ? Parce qu’on pense toujours qu’il y a du bien- être et c’est là la difficulté. Je le disais au tout début sur la complexité de l’être humain. Elle est là, en fait. C’est cette différence entre obligations que crée la dépendance, parce que là, on est dans les critères de la dépendance, pour le coup.

Nadège VIRIOT

Mais il y a quand même cette notion de plaisir et de bien- être. Et si on ne la prend pas en considération, je pense qu’on passe à côté de quelque chose d’important.

Catherine BARLOY

Là, est-ce que tu aurais un exemple ou un témoignage que tu aurais reçu de personnes dont la vie professionnelle a été transformée grâce à cette prévention, grâce à cette gestion des risques addictifs ?

Nadège VIRIOT

Transformée ? L’embêtant dans l’addictologie en général, c’est qu’il n’y a pas forcément… On nous demande souvent des chiffres, combien de gens en sont sortis, combien de gens sont devenus abstinents ? Parce que c’est ce qu’on dit souvent en matière de dépendance, et combien de temps ça a duré ? Et les chiffres, on ne les a pas. On ne les a pas parce que c’est une maladie en soi. Donc déjà, de dire qu’elle est arrêtée, c’est compliqué. Après, les effets en entreprise, j’en reviens à tout ce que je disais sur la performance, l’équilibre, la santé de la société, la santé personnelle, enfin la santé publique, on va dire, et la performance de l’entreprise. Je pense que l’équilibre va plutôt être là. On n’a pas forcément… En tout cas, moi, je n’ai pas de chiffres. Je sais simplement qu’il y a un mieux- être à partir du moment où c’est pas tu et ce n’est pas laissé dans un coin. À partir du moment où les personnes peuvent en parler, que ça soit moins tabou, je dirais pas pas du tout parce que c’est un peu pieux pour l’instant, mais que ça le soit moins je pense que c’est déjà un pas en avant.

Nadège VIRIOT

Après, dans les expériences dont j’ai entendu parler, je sais qu’il y a une mutuelle qui avait mis en place des quotations à gérer la santé sécurité en entreprise, pas uniquement sur le risque addictif, et que de ce fait, ils faisaient des réductions de cotisations sur les mutuelles dans les entreprises pour lesquelles ils avaient des contrats de mutuelles et de prévoyance Donc, en fait, ils mettent en avant le fait de s’occuper de la santé sécurité dans la partie réglementaire et dans la partie prévention, qui est réglementaire aussi, et de ce fait, inciter les employeurs à faire d’autres actions, en tout cas des programmes de prévention, pour pouvoir baisser leurs cotisations. C’est un gain pour l’entreprise, finalement.

Catherine BARLOY

Ça encourage à aller dans le bon sens.

Nadège VIRIOT

Et on est plus dans le collectif aussi. Parce que quelque part, je pense que ta question était aussi sur l’individu. Et on traite des problèmes collectifs. Les problèmes individuels doivent être traités comme tels. Et souvent, c’est le biais qu’on a en entreprise, c’est que d’une situation individuelle, ils veulent faire de la prévention collective. Alors qu’on le sait très bien, une situation , le collectif ne va pas régler l’individuel et l’individuel ne va pas régler le collectif. Donc, s’ils ont des situations individuelles, ils doivent trouver des solutions pour les régler en individuels. Médecine du travail, entretien dont j’ai parlé tout à l’heure. Et à côté de ça, faire du collectif avec des actions de prévention collective. Mais c’est deux choses, certes liées, mais très différentes.

Catherine BARLOY

En fait, tu viens de me donner la réponse à une question que je me posais. Tu sais, tu as dit  à un moment que c’est un peu la vie privée qui s’invite dans la vie professionnelle, parce qu’ on a vécu dans la vie privée, avaient des effets ensuite en journée ou quand on a eu notre prise de poste. Et donc, dans l’autre sens, quand lors de la prévention, une personne voit qu’elle est en difficulté. Là, tu as parlé de la médecine du travail qui pouvait être peut- être le premier interlocuteur, en plus des interlocuteurs interne s, je veux dire. E nsuite, la médecine du travail va avoir, elle, un réseau de personnes vers lesquelles guider ?

Nadège VIRIOT

Oui, tout à fait. En fait, la difficulté pour l’employeur, comme je parlais tout à l’heure des entretiens préventifs ou managériaux, c’est de se dire qu’ils vont voir leurs salariés pour leur expliquer des signaux qu’ils ont repérés par rapport au travail ou même sur leur physique et leurs dégradations, mais ils vont devoir apporter une réponse professionnelle dans le sens où eux vont cadrer l’organisation, le comportement. Ils vont leur demander de rectifier le tir et ils vont peut- être mettre, et je l’espère, des choses en place pour améliorer l’organisation, délester de certains dossiers peut- être dans un premier temps. En tout cas, leur demander que les choses s’améliorent avec l’accompagnement managérial. Mais à côté de ça, si la personne, qu’elle en parle ou pas d’ailleurs, qu’elle évoque assez spontanément une problématique de consommation, là, l’employeur il ne doit absolument pas aller dans ce terrain- là. C’est de dire « J’entends. Pour ce faire, je te donne le numéro de la médecine du travail, on peut prendre rendez- vous pour toi et tu vas avoir une réponse médicale ou des associations comme je l’étais avant ou même des partenaires des ressources addicto. Il peut donner des listes ou assistants sociaux aussi.

Nadège VIRIOT

Ça peut être une piste, mais il ne doit absolument pas opposer une réponse médicale. Ce n’est pas son rôle en tant que manager. Vraiment, la partie médicale ne concerne que le salarié, sa vie privée et sa santé à lui. Et il doit donner des réponses pour qu’il puisse se faire accompagner là- dessus. Lui, en tant que manager, c’est vraiment le travail. Et le salarié, surtout s’il y a un problème de dépendance, s’il y a un problème de recadrage, finalement, de ses consommations, dans une certaine mesure, ça peut se faire peut- être plus facilement. Il se rend compte qu’il a été un peu recadré et il va peut- être y mettre fin par lui- même. Et heureusement d’ailleurs, dans la plupart des cas, puisque le pourcentage de gens dépendants, 5 à 7% suivant les substances, ce n’est pas quand même la majorité des gens qu’on rencontre. Mais par contre, les personnes qui sont dans une dépendance, elles vont devoir commencer un parcours par rapport à ce produit qu’elles ne pourront plus consommer ou moins consommer, parce que le travail est impacté. Et là, il y a un vrai travail. Et le travail médical ne se fera qu’avec du personnel de soin.

Nadège VIRIOT

Et la temporalité de la maladie ne sera pas la temporalité de l’entreprise. Et là, on est vraiment face à un gros problème. Parce que les entreprises, elles ont une temporalité liée à leur production, liée au temps de l’entreprise. Et souvent, quand on accompagne ou qu’on essaye d’aider, on a des employeurs qui nous disent « C’est quand que ça sera fini le problème de dépendance ? » Je ne peux pas vous le dire, ça fait partie de la personne. Par contre, la personne, elle doit répondre aux exigences de son employeur et trouver son cheminement et sa façon de passer à autre chose ou d’atténuer ou d’arrêter. Il y aura peut- être des soins, il y aura peut- être des arrêts, il y aura peut- être des cures. Il y a tout un panel de soins en France pour accompagner les personnes dépendantes qui est vraiment très, très bien étayé. On a vraiment des centres de soins, que ce soit en ambulatoire, c’est- à- dire en dehors des heures de travail, que ce soit en séjour, mais on a vraiment un panel de soins en addictologie qui est extrêmement intéressant. Mais comme ça doit partir de la personne, l’employeur ne peut pas se permettre de le faire à la place de la personne.

Nadège VIRIOT

Ce n’est pas lui qui va dire « Tu te fais soigner. » Il y a des injonctions, des injonctions de justice, par exemple. Mais on sait très bien que dans le cas des injonctions, c’est très compliqué parce que ça ne vient pas de la personne. Je pense que le tabac est le plus bel exemple. Je le prends souvent en exemple parce que c’est loin d’être tabou. Une personne, on peut toujours lui expliquer le tabac, ce que ça implique. Si elle ne souhaite pas, elle ne veut pas, elle n’a pas la motivation pour, on ne va pas lui dire « Tu arrêtes de fumer demain. » Ce n’est pas possible. Ou si on le lui dit, ça risque d’être compliqué. Donc, il va falloir expliquer justement tous ces cheminement s. C’est ça qui est important dans le milieu professionnel, c’est de faire la part des choses entre ce qui relève du métier, du règlementaire, du cadrage et du médical qui n’est pas la partie de l’entreprise. Elle peut accompagner, elle peut soutenir, elle peut donner des adresses, mais on va le laisser aux bons soins des médecins du travail, assistants sociaux et bien sûr des circuits extérieurs.

Catherine BARLOY

Tu as répondu à toutes mes questions. Parfait. Et là, en fait, j’ai une dernière question par rapport à la gestion des risques et j’aurai une question bonus ensuite. Quel message ou conseil aimerais- tu transmettre là, par ce podcast aux personnes qui ne sont peut- être pas encore conscientes des risques addictifs et qui pourraient bénéficier de ton expertise ?

Nadège VIRIOT

La réponse, enfin, ce que je peux leur dire, c’est qu’il ne faut pas que il y ait une réponse médicale et biologique. C’est ce que je viens de te dire dans l’accompagnement. Il faut comprendre les enjeux de santé, certes, mais aussi les enjeux sociaux, relationnels, les enjeux entrepreneuriaux. Donc, en fait, comme c’est un ensemble d’éléments qu’ils vont retrouver en entreprise, il est important que tout soit équilibré, que la prévention soit faite à tous les niveaux, pas uniquement dans les mains de la direction, des RH ou des préventeurs, de la production, des salariés, des représentants du personnel. Il faut que tout le monde ait son mot à dire en matière de prévention. Ça, c’est important. Q uand on voit les bienfaits en termes de dialogue, je parlais du dialogue social tout à l’heure, c’est vraiment important parce qu’à partir du moment où on commence à vouloir faire des actions de prévention, en tout cas à initier ces actions, on sent que les choses se détendent quand même. Ou en tout cas, on met le doigt sur quelque chose qui ne va pas. Donc forcément, si on a commencé à le faire, on va continuer dans la démarche et je pense que c’est le plus important.

Nadège VIRIOT

Il faut commencer, je le disais même tout à l’heure, par des actions. On aime moins les actions qu’on appelle one shot, en une seule fois pour cocher la case « On a fait de la prévention, qualité de vie au travail, on a fait de la prévention qui a été dit au travail On a fait de la prévention santé sécurité une fois dans l’année. On préférait que ça soit distillé tout le long de l’année, excuse- moi le jeu de mots. En tout cas, on préférait que ça continue toute l’année pour montrer le bienfait. Mais même si on commence par ça, je dirais que c’est une porte qui est poussée et après libre à eux, et en tout cas, j’espère que je saurais de leur dire qu’il est important d’analyser la problématique dans son intégralité et de voir comment arranger les choses. Parce que souvent, c’est symptomatique d’un malaise en termes de dialogue et on le sent bien de toute façon. Parce qu’on veut préserver les gens, on veut taire… Je disais tout à l’heure qu’on pense que taire les choses, ça va arranger les choses. Non. En règle générale, elles se dégradent et ça dégrade le climat social, ça dégrade le collectif.

Nadège VIRIOT

Donc, du coup, de un cas, on passe à un collectif qui est en crise. On intervenait aussi sur les collectifs en crise dans mon ancienne association. C’est quelque chose de très important dans la production, parce que d’une personne, ça vient impacter tout un groupe qui, à la fois, est partagé entre « on va être bienveillants » et à la fois « oui, mais enfin, on est en train de faire à sa place et ça ne peut pas continuer ». Il y a ce côté ambivalent et humain. Et comme je crois beaucoup en l’être humain, je pense que la solution, elle est là. C’est d’expliquer aux êtres humains qu’on a tous un rôle à jouer et que le dialogue doit être à la base de tout.

Catherine BARLOY

Merci beaucoup. Merci beaucoup pour tout ça. J’espère qu’on vient de planter quelques graines. Et donc ma question bonus, en tant qu’entrepreneure, jeune entrepreneur, quels sont les défis que tu as surmonté pour créer et développer ta propre entreprise, mais dans ce domaine spécifique ?

Nadège VIRIOT

Le domaine spécifique, ce n’était pas problématique pour moi puisque je le connais. Je dirais que je pensais justement qu’en ayant une idée et un créneau et quelques partenaires et entreprises, ça allait être simple. Finalement, c’est ça ne l’est pas parce qu’en fait, la grande difficulté, elle est plus dans la construction du projet, s’interroger sur les choses les unes après les autres, en gros, de ne pas vouloir directement trouver un expert comptable et un statut juridique alors qu’on ne sait même pas de quoi va être fait notre clientèle, notre projet. C’est de prendre les étapes les unes après les autres. Je pense que ma grosse difficulté, elle venait de moi, entre guillemets, c’est- à- dire de poser les choses les unes après les autres et de ne pas mettre la charrue avant les boeufs. C’est- à- dire de ne pas vouloir déjà être à la finalité avant de poser les choses, de cadrer les choses parce que dans le parcours qu’on fait pour monter sa structure, c’est important. On en parle souvent de se structurer et je pense que la plus grosse difficulté, elle vient de là, c’est- à- dire des fois de faire machine arrière sur des parties, sur son projet, sur son idée, sur où on veut aller, dans quel secteur, avec qui.

Nadège VIRIOT

Je pense que ma difficulté, elle venait plus de là. Elle y est toujours. C’est de prendre les choses avec un peu de recul et de temps, de se donner le temps. Et comme on est dans une société qui se donne moins le temps, c’est toujours pareil. On veut que les choses aillent vite alors que vraiment, j’en suis quasiment sûre, c’est qu’il faut prendre le temps. Faire les choses comme on l’entend déjà soi- même, parce que ça dépend beaucoup de nous. Et pour être en raccord avec nous et avec les autres, en fait. Parce qu’on est quand même tout seul, mais on a des partenaires, on a des réseaux, on a beaucoup de choses. On a aussi des proches. Tout le monde doit être embarqué quand même dans ce projet. Donc c’est important de prendre le temps et de ne pas aller trop vite. C’est mon petit message.

Catherine BARLOY

 oui, oui, oui. Oui, merci. Merci beaucoup pour ce partage. Et puis, pour tout ce que tu as expliqué de façon très pédagogue sur les risques addictifs, ça a éclairé beaucoup de choses, puisque je ne maîtrisais pas du tout le sujet. Je trouvais que c’était intéressant que j’apprenne grâce à toi et que d’autres apprennent également. Petite question, si des personnes souhaitent te contacter, ils font comment ?

Nadège VIRIOT

Alors, j’ai une adresse LinkedIn en tout cas, j’ai une entrée LinkedIn à BVN Prévention et puis à Nadège Viriot, donc essentiellement sur LinkedIn, par téléphone ou par mail sur bvnprevention@gmail.Com pour nous contacter et puis bien sûr, par téléphone. Il y a quelque chose d’important aussi que je n’ai peut- être pas assez dit, c’est que les conduites addictives ou les addictions, ça n’arrive pas qu’aux autres. En fait, souvent, on pense que ce n’est que certaines personnes qui vont être dépendantes ou accro à un produit. Mais en fait, le basculement, il peut être pour tout le monde à un moment donné, parce que la dépendance ou la pratique plus problématique va dépendre à la fois du facteur physiologique, psychologique et comportemental. Et les dimensions- là, on a tendance à vouloir les minimiser et ça peut arriver à chacun d’entre nous, parce que ce n’est pas le bon produit, pas au bon moment, parce qu’on n’est jamais le même tout au long de sa vie. À 20 ans ou à 50 ans, on n’est pas le même ou la même. Et il est important de savoir que ça peut arriver à tout un chacun. Et il y a aussi le cerveau.

Nadège VIRIOT

Le cerveau qui ne va pas avoir la même, ce qu’on appelle de l’appétence en addictologie, c’est-à-dire le même attrait pour des produits. Il y en a, ça va être le tabac, d’autres l’alcool, d’autres les stupéfiants, d’autres les jeux en ligne. Et ça, on n’est pas câblé pareil. Et vraiment, c’est là qu’on voit l’importance de l’individualité, c’est-à-dire qu’on a des moyennes, on a des façons de sont de faire des ressources, mais on n’est jamais le même ou la même, et même soi- même, tout au long de sa vie, ce que je disais tout à l’heure. Donc ça, c’est très important à prendre en considération, parce qu’on ne peut pas dire qu’on aura le même comportement. Je pense aussi au sport en ce moment. Tu me parlais des nouvelles . Le sport aussi est quelque chose vers lequel on se tourne pour du bien- être, etc. Mais il peut aussi devenir problématique à partir du moment où on n’a pas sa dose ou parce qu’on ne peut plus le faire. Donc, beaucoup de choses peuvent devenir problématiques et qu’on n’est pas tous faits pareil et qu’on ne sera pas tous le même tout au long de sa vie.

Nadège VIRIOT

Je voulais te préciser quand même cet élément.

Catherine BARLOY

En fait, j’étais en train de me dire qu’ il ne faut pas faire l’autruche, mais ce n’est pas ça. C’est que chacun de nous, à un moment de notre vie, on peut se retrouver dans une situation un peu délicate et dans ce cas- là, se faire accompagner, c’est bien.

Nadège VIRIOT

C’est exactement ce que je voulais te dire en conclusion, c’est que les ressources, elles peuvent être disponibles à tout moment de sa vie et les messages, ça boucle aussi les choses. Les messages de prévention sont très importants, que ce soit en entreprise ou en santé publique, d’où l’importance de passer sans arrêt les messages qu’on entend sur les conduites addictives, l’alcool, le tabac. Et autres médicaments aussi. On n’en fait pas assez. Mais bon, les médicaments aussi, on en parle peu parce qu’il y a souvent des ordonnances derrière. Mais c’est aussi une problématique très, très importante, surtout qu’on est les premiers consommateurs en Europe et au monde, d’anxiolytiques, de somnifères. Donc, il est important d’en prendre conscience et de voir que ça peut apporter du bien- être, mais ça peut aussi apporter d’autres difficultés.

Catherine BARLOY

Oui, il faut trouver son équilibre.

Nadège VIRIOT

Exactement.

Catherine BARLOY

À toutes choses. Et donc oui, se faire accompagner si on sent qu’on est fragile tout simplement.

Nadège VIRIOT

Oui, et la fragilité n’est pas négative. Ça fait partie de soi comme la force. Je n’y vois pas de consonance négative à la fragilité. C’est un état de fait. Et il y a des gens qu’on peut penser fragiles et qui n’ont pas du tout d’attirance pour les produits qu’on vient d’évoquer, par exemple, et qui en auront peut- être des êtes jamais, alors qu’on a des gens dits forts et qui, par contre, vont chercher du réconfort, justement, dans certains produits pour être encore plus forts ou pour maintenir cette force. Parce que justement, voir les choses qui déclinent, des fois, ça fait un petit peu peur. Donc, fragilité n’est pas un défaut, loin de là, c’est juste un état.

Catherine BARLOY

Voilà, ce sera notre mot de la fin. Je te remercie beaucoup, Nadège, pour-Merci à toi. -tout ce partage, pour ton temps. Et puis, s’il y a des questions, elles te seront envoyées.

Nadège VIRIOT

Merci beaucoup, Catherine, de cette interview et de ce partage. C’est toujours très agréable.

Catherine BARLOY

Belle journée à toi.

Nadège VIRIOT

À bientôt. Merci.

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